Aujourd’hui,
et pour mon premier article, je vous propose un choc culturel
d’envergure. Nous partons de l’autre côté du globe terrestre,
en Thaïlande, à la découverte de nombreuses séries traitant
d’amoures masculines.
Une
Trajectoire Culturelle : Direction La Thaïlande.
Les
représentations de l’homosexualité masculine, sont peu nombreuses
par rapport aux
représentations hétérosexuelles, dans la
culture mainstream occidentale.
Si elles se multiplient ces dernières années, ce n’était pas le
cas, à la fin des années 2000, moment de mon adolescence. On
pensera bien entendu aux deux versions de Queer
As Folk,
à la série Skins ou
encore à quelques films à l’issue souvent tragique comme A
Single Man ou
le téléfilm Bobby,
Seul Contre Tous.
Ajoutons que, dans cette liste, loin d’être exhaustive,
pratiquement aucun couple ne finira ensemble quand, par chance, les
protagonistes seront encore vivants.
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| Bobby, Seul Contre Tous. |
Pour
un adolescent de nature mélancolique, il est difficile, voir
impossible, de dessiner une trajectoire positive de sa propre
sexualité avec des modèles aussi dramatiques. Il m’a donc fallu
partir en quête d’autres représentations de l’homosexualité
masculine. Il m’est alors revenu une scène de la série
animée Sakura,
Chasseuses de Cartes (Kādokyaputā
Sakura) que
je regardais quand j’avais 8 ans. Une déclaration d’amour d’un
garçon à un autre. Mon inclinaison pour le Japon, à ce moment là,
s’était déjà confirmée. J’avais quelques mangas dans ma
bibliothèque, je ne ratais pas un épisode de Naruto sur
Game One, et j’avais fini plusieurs séries dont Death
Note, Yu-Gi-Oh,
ou encore D-Gray
Man.
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| Junjo Romantica (Tome 20). |
Ma
recherche de modèles homosexuels entra donc en contact avec ma
culture manga, et je découvris ce qu’on appelait encore Yaoi,
et que l’on nomme, aujourd’hui, Boy’s Love. Je
me plongeais, à ce moment là, dans des œuvres célèbres
comme Junjo
Romantica,
ou certaines qui semblent aujourd’hui oubliées, comme Gravitation.
Les représentations, certes stéréotypées y étaient plus
optimistes, les couples avaient une forme de pérennité. Néanmoins,
on ne peut pas dire que je sois devenu un fanatique de ces œuvres.
Elles souffraient, à l’époque, de nombreux défauts, au rang
desquels le premier était l’absence de consentement, et le second,
la répétitivité de ces histoires qui se ressemblaient toutes entre
elles.
Ces
défauts finirent par avoir raison de ma consommation de BL dès
mes vingt ans. Cette abandon fut également le fruit d’un renouveau
de la représentation LGBTQI+ dans les séries, films et jeux
occidentaux. Les jeux Bioware et
de nouvelles séries (Looking, Sense8,
etc…) me détournèrent un long moment des productions japonaises
qui abordaient alors l’homosexualité de manière trop
unidimensionnelle.
C’est
à la faveur d’une année creuse à mes yeux (2016), où les
représentations gays furent temporairement remisées au placard en
occident, que je décidais de me remettre aux mangas, et de faire
l’inventaire des séries animées BL que j’aurais raté durant ma
période d’ermitage culturel. L’occasion pour moi de découvrir
que depuis 2014-2015, il existait des séries BL avec de véritables
acteurs, les dramas. Pourtant, et à ma grande surprise, le Japon
n’était pas en pointe sur le sujet, c’est la Thaïlande qui
tenait le haut du pavé…
Bienvenue dans le monde du BL thailandais, nous sommes en 2018…
Le
Boy’s Love Thaïlandais : Commencer Est Un Défi.
Il
faut le dire, les séries thaïlandaises souffrent de nombreux
défauts qui peuvent bloquer les spectateurs occidentaux.
En
premier lieu, on trouve la langue bien entendue. La langue thaï (et
ses différentes variantes) n’est
clairement pas, à mes yeux, la plus élégante. C’est un goût
personnel, bien entendu, mais je préfère prévenir ceux qui
souhaitent en faire l’expérience. C’est également une langue
peu répandue dans le monde. En conséquence, les sous-titres ne sont
pas toujours présents en français, et ils sont systématiquement
traduits depuis les sous-titres anglais. Ce processus double les
risques d’erreurs et de contre-sens. Un conseil donc, regardez vos
séries thaïlandaises avec les sous-titres anglais, si vous en avez
la possibilité. (Mais
je remercie les traducteurs-rices VF pour leur travail !)
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| Placement de produit dans Until We Meet Again. |
Un
autre problème, et en fait le principal, est le manque parfois
flagrant de budget. En effet, certaines scènes, voir
certaines séries complètes, peuvent apparaître comme assez
minimalistes au niveau de la production. Néanmoins, les méthodes
pour faire des économies ne sont pas les mêmes qu’en occident,
donc elles sont plus difficiles à détecter pour un français. De plus, cette difficulté semble disparaître depuis quelques temps. En
revanche, pour avoir des financements, les productions ajoutent des
placements de produit. Mais ceux-ci sont tellement peu subtils que ça
devient scandaleux par moment. La série Until
We Meet Again,
par exemple, contient des scènes entières où les personnages se
maquillent, et qui arrêtent autant l’intrigue que
l’action. Heureusement,
on peut vite faire un saut dans la barre du lecteur…
Le
dernier des problèmes est la représentation des LGBTQI+ dans ses
séries. Si les gays et les lesbiennes sont souvent considérés avec
respect, ce n’est pas le cas des «
Tootsies » c’est-à-dire,
des gays efféminés qui sont souvent des éléments comiques, ce qui
est également le cas des personnes transgenres. Notons, tout de
même, que ce n’est pas toujours le cas, et que je ne connais pas
assez la culture thaïlandaise pour prononcer un jugement de valeur
sur ce sujet.
Des Qualités Indéniables !
La
première des qualités d’un drama thaïlandais, c’est d’abord,
la Thaïlande, évidemment. La culture est si différente, et c’est
un tel plaisir d’en découvre les moindres aspects à travers le
quotidien des personnages. La nourriture, les formes de politesse et
de respect, la langue, la religion, l’architecture, tout est
différent. D’une certaine manière et sans que ce soit volontaire,
chaque série montre la Thaïlande d’une manière différente.
Prenons par exemple, He’s
Coming To Me qui
présente notamment les rituels liés aux morts ou Until
We Meet Again qui
en profite pour nous parler des pâtisseries traditionnelles du pays.
Une
autre qualité indéniable, c’est la diversité des intrigues.
Certes, elles sont pratiquement toutes dans un cadre scolaire, entre
lycée et université, mais les personnages, et les histoires savent
se renouveler. Certaines séries possèdent des antagonistes, alors
que d’autres préfèrent le format « tranche de vie/humour », et
que d’autres encore abordent des thématiques graves comme le viol,
le harcèlement scolaire ou encore le revenge
porn et
ceci de manière parfois maligne, parfois maladroite.
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| TharnType : The Series. |
Bon,
il faut aussi dire que j’ai une inclinaison particulière pour les
physiques avec les yeux bruns ou noirs, alors les beaux garçons qui
jouent dans ces séries ne me laissent pas indifférents. C’est un
peu comme Riverdale ou Teen Wolf à l’époque, on regardait plus
pour le physique des acteurs que pour l’intrigue, là, c’est
pareil mais au moins l’histoire est intéressante.
Enfin,
la dernière qualité, c’est le sentiment de plénitude qu’apporte
ces dramas. Les séries occidentales qui procurent cette sensation
peuvent être comptées sur les doigts de la main, Sense8 et Une
Nounou d’Enfer,
peut-être, mais c’est tout. Les séries comme The
Handmaid’s Tales, Game
Of Thrones ou Breaking
Bad sont
indéniablement de grandes séries mais elles sont si anxiogènes, si
négatives, qu’on finit par s’interroger sur pourquoi on
s’inflige ça. Donc, un conseil, si vous êtes en train de faire
une déprime, regarder une série BL thaïlandaise, et ça ira mieux.
Quelques Conseils Pour Finir.
Achevons
cet article avec quelques suggestions de visionnages :
- Pour ceux qui aiment la musique, je dois avoué que la série 2Gether: The Séries, a réussi à m’avoir au bout du deuxième épisode. Tine veut fait semblant de sortir avec Sarawat, la star du lycée pour se débarrasser de Green, un jeune homme qui est amoureux de lui et qui se révèle un peu envahissant.
- Si vous cherchez une histoire torride avec des beaux garçons qui sont un peu idiot, je vous dirige vers le désormais célèbre drama TharnType : The Séries. Celui-ci narre l’histoire tendue entre deux colocataire, l’un homophobe et l’autre homosexuel. Vous vous doutez, bien entendu, que les choses ne sont pas si arrêtées que cela.
- Pour ceux qui aiment les histoires plus romantiques avec moins de sexe, et moins de bisous, ce que je peux comprendre en cette période de coronavirus, je vous conseille Sotus et Sotus S, respectivement saison 1 et 2 de la même intrigue autour de deux étudiants et des bizutages d’entrée à l’université.
Sawat
di khrap !



